En cette période de moisson du riz, découverte de cette culture présente en Camargue depuis le XIIIème siècle au moins. C’est qu’avec son ensoleillement important, ses températures élevées et la présence d’eau issue du Rhône, le terrain est favorable à la riziculture.

S’y ajoute la nécessité pour l’agriculture Camarguaise de laver régulièrement le sol des remontées de sel qui gorgent les terrains, par le biais d’apports d’eau douce et de mise en eau périodique des champs.

L’endiguement total de la Camargue au XIX ème siècle, puis les périodes de pénuries liées à la seconde guerre mondiale notamment participèrent de l’essor du riz Camarguais dont la culture culminera à 32000 hectares en 1950.

Culture du riz à Port-Saint-Louis

L’essor des années 50

L’année 1941 marqua un tournant avec l’arrivée de centaines d’indochinois désignés “volontaires” pour venir cultiver le riz en Camargue. Cette main d’oeuvre qualifiée, corvéable à merci et peu couteuse, contribua largement à l’optimisation et à la modernisation de la riziculture locale. Il semble qu’en 1948, la totalité de cette population ait rejoint ses pays d’origine.

Le plan Marshall, au sortir de la guerre permit également de financer et de moderniser le réseau hydraulique.

Benne chargée de riz, prête à rejoindre les silos de Tourtoulen

Le riz dans le paysage Camarguais

Le riz constitue une culture nécessaire à l’entretien des zones agricoles Camarguaises et contribue largement aux paysage tels que nous les connaissons aujourd’hui. Les importantes quantités d’eaux douces importées via le réseau dense de canaux, roubines et canalisation, irrigue tant les champs que les marais typiques notamment du nord du Vaccarès.

Les cultures sont ainsi pratiquées en rotation : A une année ou deux de mise en eau et de culture du riz qui adoucissent les sols, succèdent des cultures de blé ou de maraichage.

Ces besoins massifs en eau douce ont parfois été l’objet de fortes tensions entre agriculteurs et saliculteurs dont les intérêts étaient souvent contraires (CF article sur le Vaccarès de juin).

Le Rhône endigué à cessé d’introduire naturellement de l’eau douce par le biais des crues

Dans une certaine mesure, on peut considérer que ces apports d’eau douces compensent en partie la disparition des grandes crues du Rhône qui étaient auparavent pourvoyeuses d’eau douce. Ces apports contribuent certainement à la diversité des espèces animales et végétales de Camargue, participant d’un nouvel équilibre pour cette région qui a perdu tout fonctionnement naturel depuis l’endiguement. Un système certes beaucoup moins aléatoire que les crues, mais aussi beaucoup plus contrôlable.

C’est aujourd’hui l’important réseau de canaux qui amène son eau douce au delta.

Cependant cette culture reste fragile : l’entretien des digues est couteux et dépendant de subventions mais surtout de l’investissement des propriétaires regroupés en syndicat de gestion. Le riz dans son ensemble dépend largement des subventions face à un marché mondial très vaste et compétitif.

Riz prêt à être récolté

Quel avenir pour le riz Camarguais ?

Aujourd’hui, les surfaces cultivées en riz fluctuent fortement d’une année sur l’autre, en fonction de l’évolution des aides économiques qui maintiennent la riziculture en France et des perspectives de subventions dans les années à venir.

La mise en place d’une Indication Géographique Protégée pour le riz Camarguais est certainement un plus, mais l’utilisation importante de pesticides et désherbants nuit certainement à l’image de la riziculture.

Les surfaces cultivées en bio dans la région sont cependant en augmentation, avec parfois l’adoption de méthodes originale nouvelles en Europe (limitation et contrôle des parasites et mauvaises herbes par des canards d’élevage à Saint-Gilles par exemple).

Un choix difficile pour les agriculteurs qui restent majoritairement de grandes exploitations liées par les cultures intensives supposées plus rentables. Ces dernières années elles expérimentent de nouvelles cultures telles les tomates à fort rendement, destinées à l’industrie et les melons sous tunnels en plastique et leur cortège de traitements et de méthodes qui confirment cette recherche d’intensification des cultures.

Hérons gardeboeufs et cendrés dans les chaumes de riz.

Il restera probablement utile de conserver la culture du riz, corollaire logique au dé-salement régulier des terres et à l’entretien du réseau hydraulique.

Peut-être la mise en place plus généralisée du bio permettrait t’elle de se démarquer et de conforter l’image du riz Camarguais, gage de qualité face à ses concurrents et en mesure de rassurer les consommateurs de plus en plus attentifs à la qualité des produits et prêts semble t’il à payer pour cela ?

A suivre, un article sur le lien entre le riz et les oiseaux en Camargue.