Mars en Camargue, c’est le départ des grues, généralement aux environ du 15, selon le temps, le vent et les ressources alimentaires; elles mettront un petit mois, longues escales comprises à rejoindre leur sites de nidification, au nord de la Scandinavie ou de la Russie.

En Finlande, il y a un couple dans chaque champ ou presque, ce champ étant fréquemment partagé par un couple de courlis et un couple de cygnes chanteurs ou de Bewick.

Malheur aux étrangers qui viendraient s’y poser par hasard! ils sont instantanément expulsés par l’un des trois mâles, parfois par les trois, unis pour la circonstance.

Et le départ des grues de la Camargue, coïncide souvent avec l’arrivée des cigognes.

En effet, il y a trente ou cinquante ans, elles ne faisaient que passer, et c’était début mai,

mais depuis une petite décennie, un contingent non négligeable a pris l’habitude de venir nicher en Camargue, où d’ailleurs quelques-unes restent passer l’hiver , comme sur les cheminées d’Alsace ou les plaines d’Europe Centrale.

Dès le mois de mars, les cigognes regagnent leurs nids

Et les bonnes places sont rares.

Un nid déjà établi est la preuve d’un emplacement stratégique, pour l’alimentation comme pour la surveillance et il sera occupé par les premières arrivantes, quittes à devoir s’expliquer quelques jours plus tard avec les locataires de l’an passé.

L’affaire donne parfois lieu à des crêpages de chignon spectaculaires, car ça n’est ni au nid ni au sol qu’elles s’expliquent, mais en l’air ! Le couple victorieux pourra commencer ses corvées de bois et de racines afin de rendre l’endroit confortable pour l’arrivée des oeufs, entre fin avril et fin mai, dès l’apparition des premières feuilles alentours.

Et probablement pour faciliter la tâche des observateurs, il leur arrive fréquemment de communiquer en claquant du bec afin que nul n’ignore leur présence! et ça claque fort!

Couple de Cigognes blanches au nid

Le bain de la Cigogne

Il m’est arrivé au coeur de juillet, dans l’après-midi , de photographier le bain d’une cigogne.

C’est un spectacle à part entière, car comme la plupart des grands oiseaux, elle ne se contente pas de s’immerger. Il y a du mouvement , et s’agissant d’un oiseau de deux mètres d’envergure, ça ne nage pas, mais ça déménage et ça éclabousse! Elle fait rapidement le vide aux alentours, et, lorsqu’elle est bien imbibée, elle est comme tous les oiseaux trempés: ridicule!

et on dirait bien qu’elle le ressent, surveillant dans tous les sens si personne ne l’observe.

Pour l’heure, elles vaquent à l’aménagement du nid. C’est parfois assez drôle à observer:

l’apport d’une branche est l’objet d’une réflexion intense, parfois d’essais multiples avec avis circonstancié du partenaire, comme un couple qui se chamaillerait pour l’emplacement d’un tableau… Il m’est arrivé de voir la même branche déplacée dix fois avant de trouver sa place…

jusqu’au lendemain où ladite place était à nouveau remise en question! parfois même, au bout de trois jours, excédé, l’un des deux ira emporter la branche maudite à deux kilomètres pour ne plus avoir à la gérer. Un nid de cigognes parait « fouillis ». Mais en fait il ne l’est pas.

Et pour avoir eu à en démonter un sur un arbre malade qui allait être abattu, je peux affirmer que c’est tout sauf au hasard. Les morceaux de branches sont imbriqués de façon à ne pas pouvoir être emportés par le vent et c’est un véritable casse-tête à démonter proprement.

D’ailleurs, durant presque toute la nidification , jusqu’à l’envol des jeunes, les travaux continueront: comme ils paraissent souvent inutiles, certains auteurs y ont vu une manifestation parentale pour conforter les jeunes – et leur apprendre – dans l’importance de l’état du logement…

Quelques humains pourraient s’en inspirer!…