Onze kilomètres séparent le village ouvrier de Salin de Giraud de la plage de Piemanson. Cette route qui ne mène nulle part ailleurs que sur la plage redevenue sauvage offre quelques uns des plus beaux paysages de Camargue.
Peu après avoir quitté Salin de Giraud, un point de vue situé sur la droite de la route permet d’admirer les gamelles, ces montagnes formées à partir du sel récolté dans l’année. C’est en octobre que vous aurez peut-être la chance d’assister à la récolte de ce sel destiné essentiellement au salage des routes en période de gel, (le sel de table est récolté dans les salines d’aigues-mortes). Plus de 800 000 tonnes de sel peuvent être extraites chaque année… ça en fait des boites de sel ! Nous aurons l’occasion prochainement de vous parler du sel en Camargue et du rôle prépondérant au fil des années, des salins du midi, puis du groupe Salins sur les écosystèmes et la vie des Camarguais.
En continuant vers la mer, la route longe le Rhône. Sur la rive opposée, Port-Saint-Louis présente sa face la moins industrielle.
Le domaine de la Palissade, ouvert au public et géré par le conservatoire du littoral offre des point de vue sur le Rhône jusqu’à proximité de son embouchure. Ces marais sont les seuls à se trouver hors des digues qui séparent le fleuve de la Camargue et sont donc régulièrement sous les eaux du Rhône. Des sentiers et observatoires permettent de découvrir une grande variété de milieux : marais d’eau douce, lagunes saumâtres, dunes…
Parmi les oiseaux visibles au fil des saisons figurent les canards de toutes espèces, les limicoles, hérons et aigrettes, les sternes et goélands parmi lesquels les rares goélands railleurs sont d’observation aisée.
Reprenons la route, la baisse des 500 francs, située sur la droite est connue pour abriter au passage de printemps, mais aussi surtout à l’automne, des balbuzards pêcheurs en migration qui fréquentent alors assidument les bois flottés échoués là. Un dortoir de mouettes mélanocéphales est souvent observable à proximité.
A partir de là, la route longe à droite les bassins des salines, avec des milieux de plus en plus salés. c’est le domaine des bécasseaux, des gravelots, des flamants roses, des Tadornes de Belon.
A la fin de l’été les sternes (caujecks, pierregarins, naines, hansels, caspiennes) et les guifettes (noires, moustacs et quelques guifettes leucoptères) tourbillonnent par milliers et enveloppent l’air de leurs cris rapeux. Le spectacle est particulièrement extraordinaire au lever et au coucher du soleil.
C’est à cette saison que l’on aura le plus de chance d’observer les phalaropes à bec étroit et à bec large.
Attention, la route de piemanson est étroite et la circulation est intense, surtout en été. Il est nécessaire de s’arrêter sur les emplacements prévus tout au long de la route et de ne pas stationner sur la chaussée.
Sur la gauche de la route, le grau de Piemanson, aux eaux plus douces, alimenté par le Rhône, au nord, mais occasionellement connecté à la mer au sud, notamment à l’occasion des tempêtes, abrite des dizaines de cygnes tuberculés, ainsi que des grèbes huppés et à cou noir. Les grandes aigrettes, aigrettes gazettes, hérons cendrés et grand cormorans s’y rassemblent parfois pour des pêches collectives.
Enfin, la route rejoint son terminus, la plage de Piemanson, mais c’est une autre histoire que nous vous conterons bientôt.
© Texte et photos : Laurent Wittmer